Le mécanisme de guérison | FD Fitness Consultant
Le mécanisme de guérison et la production de tissu conjonctif
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Auteur(e) FD Fitness

 

guérison

Le tissu cicatriciel, le fameux tissu cicatriciel.

Un terme couramment utilisé par les gens du milieu de la thérapie ou de l’entraînement. Le tissu cicatriciel est la fin d’un processus de cicatrisation. Dans la plupart des cas, la cicatrisation se fait par la production de ce tissu et dans quelques cas, les tissus endommagés sont tout simplement remplacés par du nouveau tissu. Ce tissu cicatriciel peut engendrer beaucoup de maux de tête aux gens qui tentent de faire un retour suite à une blessure. Il altère la mobilité, l’amplitude articulaire et la résistance à la traction des différents tissus. Notez bien que l’entraînement en musculation crée de petits ou micros traumas aux tissus musculaires, alors après chaque entraînement, les processus expliqués plus loin se mettent en branle.

Il existe deux types de guérison.

La guérison avec intention primaire ou avec intention secondaire. La différence entre les deux types s’établit avec le degré de sévérité de la séparation tissulaire. Lorsque que le tissu subit un dommage et que ses fibres se déchirent, si la distance entre les fibres endommagées le permettent, un pont cellulaire se forme et la cicatrisation peut être engagée. C’est une guérison primaire. Dans le cas d’un dommage plus sévère où il serait impossible de créer un pont cellulaire vu la trop grande séparation de tissu, le corps va produire du tissu du bas vers le haut afin de remplir l’espace béant. C’est la guérison secondaire et elle engendre beaucoup plus de tissu cicatriciel. La durée de guérison est aussi plus longue et la cicatrice est plus grande que dans une guérison primaire. Un bon exemple de guérison secondaire serait dans le cas d’une entorse d’un ligament de grade 2 ou 3. Les fibres ligamentaires sont trop distancées et la guérison se fait à l’aide de tissu de remplissage.

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La cicatrisation se fait en trois étapes distinctes.

Ce sont les mêmes phases dans le cas d’une blessure chronique que directe. La seule différence est que dans la blessure chronique, la cicatrisation ne se fait pas si l’agent irritant n’est pas réglé. Lorsque l’agent irritant est en place, la blessure stagnera à la première étape, le cycle inflammatoire. Voici les trois phases : la phase inflammatoire, la phase de prolifération et la phase de remodelage.

1 – Phase inflammatoire

La phase inflammatoire est la première phase suite à un trauma tissulaire. La boucle inflammatoire débute rapidement lorsque le corps subit une blessure. Le but premier de la phase inflammatoire est de mettre sur pied des manœuvres défensives qui permettront de stabiliser et de protéger le site de la blessure en y envoyant des cellules et des enzymes. Ce sont des réactions enzymatiques et cellulaires extrêmement complexes. En normalité, cette phase est d’une durée de deux à trois jours, et parfois elle peut s’étendre jusqu’à dix jours. En premier lieu, suite à une blessure, il y a une vasoconstriction immédiate dans la région de la blessure en réaction avec la séparation de vaisseaux sanguins et lymphatiques. La région se trouvera alors en hypoxie ce qui aura pour effet de commencer le processus inflammatoire. La vasoconstriction est rapidement suivie par la vasodilatation ce qui aura comme effet de créer une stagnation liquidienne.

Voici un exemple bien simple pour illustrer ce processus. Remarquez bien la prochaine fois que vous vous couperez légèrement. Les premières secondes, rien ne se passe, et après quelques temps, il y a un saignement. La vasodilatation permet le relâchement de produits cellulaires tels que les plaquettes sanguines et certaines protéines. Une fois sur les lieux, ces produits auront comme but de freiner le saignement. Les plaquettes sont vitales puisqu’elles relâchent des substances importantes à la guérison et elles formeront un bouchon. Ce bouchon se nomme le bouchon plaquettaire. Il permet une certaine stabilité et une certaine protection des tissus concernés. Une fois la région stabilisée, le travail de nettoyage peut se faire. Des cellules comme les phagocytes viennent désintégrer les résidus cellulaires des cellules détruites qui stagnent autour de la blessure. Ceci est un important processus puisque ces déchets secrètent des substances pro-inflammatoires. Lorsque le travail de nettoyage est terminé, la cascade chimique visant à produire du nouveau tissu s’enchaîne.

De nos jours, le terme inflammation a souvent une connotation néfaste. Cependant, sans l’inflammation, le processus de guérison serait impossible! Le corps ne pourrait franchir les étapes de prolifération et de remodelage, ce qui empêcherait la cicatrisation. Alors le mot d’ordre de cette première phase est : gérez l’inflammation afin d’éviter une trop grande réaction inflammatoire qui ralentirait votre guérison. Voici un conseil que je donne régulièrement à mes clients : ne paniquez pas si jamais une petite douleur s’installe suite à un entraînement. Donnez-vous un bon 24 heures afin de valider si les étapes s’enchaînent ou non. Si la douleur augmente ou stagne, il est temps de consulter.

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2 – Phase de prolifération

Après les premières 72 heures, la phase de prolifération débute. Le but de cette phase est de produire de nouveaux tissus sanguins et du tissu de granulation. Comme dans la phase inflammatoire, certaines cellules spécialisées en production de collagène migrent vers le lieu de la blessure. Elles se nomment les fibroblastes. Elles produiront les nouveaux capillaires sanguins et de la matrice extracellulaire. Initialement, la nouvelle matrice produite est très faible et un petit stress de tension pourrait la séparer. Son but est de garder les deux extrémités de la cicatrice ensemble et de la protéger contre les infections.

La nouvelle matrice cicatricielle est ensuite remplacée par de la matrice collagénique qui protégera de façon plus efficace les nouveaux vaisseaux sanguins. Le tissu de granulation est la partie rougeâtre que l’on peut voir sur le pourtour d’une cicatrice. Sa couleur provient du fait qu’il est très vascularisé. Dès la quatrième journée de la guérison, du tissu collagénique de type III apparaît dans la matrice collagénique formée de fibres d’élastines et de réticuline. Le tissu collagénique de type III permet à la région de récupérer une certaine force de traction. Il est important de noter que l’alignement des nouvelles fibres de collagène se fait de façon aléatoire. Dès ce moment, il est important de faire traiter sa blessure en thérapie manuelle afin de prévenir le désordre au niveau de l’organisation des fibres. Je reviens sur le dernier point rapidement à la fin de l’article! À la journée 12, le tissu de type III est converti en tissu de collagène de type I qui est beaucoup plus résistant à la traction.

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3- Phase de remodelage

La dernière phase débute environ lors de la 20e journée. Les nouveaux tissus se convertissent en tissus cicatriciels. Dans cette phase, ce sont les myofibroblastes qui dictent l’action. Leur but est de fermer la cicatrice. La phase de remodelage participe à la transition des tissus collagéniques de type III en type I.

Le deuxième rôle de cette phase est de réduire la taille de la cicatrice. Cependant, si la blessure est non loin d’une articulation, la contraction du tissu cicatriciel peut impacter l’amplitude de l’articulation. C’est ici que le travail manuel est hyper important! Sans lui, il sera impossible de récupérer toute l’amplitude articulaire disponible avant votre blessure. La phase de transition tissulaire permet à la nouvelle cicatrice d’augmenter sa résistance à la traction. La résistance à la traction est la capacité d’une fibre ou d’un groupe de fibres à maintenir leur intégrité face à une tension externe.

En début de guérison, les nouvelles structures de la blessure permettent de soutenir le « trou » laissé par la destruction des fibres blessées. Par contre, leur rôle est plus un rôle de protection que de transfert de force. Avec les jours qui s’enchaînent, les fibres sont changées en fibres de plus en plus résistantes et les forces tensionnelles subies permettront de bien réorganiser les nouvelles fibres qui, rappelons-nous, ont été organisées de façon aléatoire.

Par exemple, il est simple d’illustrer ou de comprendre la notion de résistance à la traction avec les élongations musculaires. Les élongations musculaires sont très fréquentes dans le sport et si vous avez déjà subi cette blessure vous savez exactement de quoi je parle! Les premiers jours peuvent être atroces; la motricité peut être grandement affectée, mais après quelques jours, le tout semble être rétabli. C’est à ce moment qu’on se dit : « Pourquoi pas retourner à mon sport favori? » Après quelques instants, BOOM! On s’inflige une nouvelle blessure. Tout dépendant de la sévérité de la blessure, la phase de remodelage débute environ après la deuxième semaine. Alors avant ça, vos fibres en reconstruction ne peuvent résister à une grande tension, comme celle qui est produite lors d’un sprint par exemple. En sachant grossièrement la durée des phases de guérison des différents tissus, il est possible de planifier le retour sans risque au sport. Il coïncide avec le début de la phase de remodelage.

D’ailleurs, cette phase peut s’étendre jusqu’à 18 mois!

Pour votre info, la phase de remodelage pour un tissu musculaire commence environ lors du 18e jour et la résistance à la tension est pratiquement à la normale lors du 12e jour. Encore une fois, cela dépend de plusieurs facteurs, mais si vous refusez de consulter, attendez au moins 11 jours avant de recommencer à pratiquer une activité physique intense.

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Pour terminer, je voulais revenir sur le point de l’organisation des fibres de collagène lors d’une blessure. Comme mentionné plus haut, les nouveaux tissus de collagène prennent forme de façon aléatoire dans la matrice collagénique. Il est primordial de poser des actions thérapeutiques afin de permettre l’alignement des nouvelles fibres le long des lignes de tension. Les mobilisations et les pompages tissulaires permettent d’apporter des contraintes de tension sur le tissu cicatriciel, ce qui a pour effet de faciliter l’alignement des nouvelles fibres. Sans quoi, votre mobilité, votre résistance à la traction, votre circulation liquidienne ou neurale pourraient en être impactées de façon négative.

Votre réhabilitation débute à l’instant même où vous vous blessez. Avec vos nouvelles connaissances, il est important que vous preniez les choses en mains dans les premières 72 heures et que vous posiez les actions nécessaires afin de limiter les dégâts. Ensuite, il faut consulter quelqu’un qui permettra de réduire l’inflammation et de réduire les effets négatifs de la cicatrisation. Le synchronisme du traitement thérapeutique a son importance afin de ne pas blesser les nouvelles fibres de collagène. De plus, lorsqu’il y a destruction de tissus, il est important de commencer un travail de renforcement lorsqu’il sera prescrit ou quand c’est possible.

Dans la plupart des cas que j’ai en consultation, il s’agit plutôt de blessures chroniques causées par une surcharge de travail. Les étapes sont les mêmes cependant; il vous suffit simplement de régler l’agent irritant en premier lieu. Divers facteurs peuvent aussi influencer la durée de votre guérison : votre âge, si vous êtes atteint d’une maladie systémique (arthrite, sida, problème endocrinien), le type de la blessure, si la blessure s’infecte, votre nutrition et l’inflammation. Bref, il m’est impossible de tout énumérer les délais ou les techniques manuelles qui vous pouvez utiliser afin d’assurer une guérison complète puisque que cela rendrait l’article beaucoup trop lourd, mais si vous avez des questions, envoyez-moi un message électronique et je vais tenter de vous éclairer dans vos questions!

Elliot Lambert

Thérapeute pour FD Fitness

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