Calories, diètes et illusion de contrôle | FD Fitness consultant
Calories, diètes et illusion de contrôle
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Auteur(e) Eric Falstrault

blogue FD Fitness Consultant - Pourquoi les dietes ne fonctionnent pas

Calories, diète et illusion de contrôle

 

J’ai souvent écrit des articles où j’ai osé toucher le sujet des fameuses calories. J’ai même, dans certains articles, dû calculer les calories de certains repas et comme je m’y attendais, les commentaires des soldats du clavier sont rapidement arrivés. J’étais le pire des incompétents et je devais me retirer du métier d’entraîneur, car j’ai soi-disant mal calculé les calories des repas en omettant quelques 50-100 calories par-ci par-là. À mon avis, essayer de combattre les soldats des calories est, purement, une cause perdue. Souvent, un peu comme les obsédés compulsifs, le fait de calculer quelque chose leur donne un sentiment de sécurité, car ils croient pouvoir contrôler l’aspect nutrition de leur vie. Le problème est non seulement qu’ils croient contrôler ce qu’ils mangent, mais aussi qu’ils dépensent au point de vue de ces calories ingérées, ce qui n’est pas tout à faire applicable, la réalité étant complètement différente.

 

Les calories seront toujours un débat très mitigé, car chez certaines personnes, la journée est dédiée, en majorité, à calculer les calories de leurs repas et parfois même celui des autres… afin de les éduquer diront-ils. Améliorer notre santé et notre bien-être est, sans contre dit, très important. Lorsque nous pensons à l’exercice et tout ce que nous mangeons comme le seul moyen de perdre du poids, ou pire encore, une punition pour un gain de poids au lieu de certains buts plus importants, nous finissons par saboter nos efforts à essayer de créer un mode de vie plus ‘’santé’’.

 

Le conseil qui circule depuis des lunes est de couper environ 100 calories par jour afin de perdre 10 lbs échelonnés sur une année. La mathématique derrière cette logique est que 1lb de gras égale à 3500 calories, alors nécessairement 100 calories par jour pour une durée de 365 jours donneront un total de 10 livres perdues. Cette théorie simpliste est bien loin de la réalité. Après un certain temps de diète et une perte de poids importante, le système s’adaptera en abaissant le rythme métabolique afin de sauver sur sa dépense énergétique, assez pour équilibrer la réduction énergétique entrante. Pour ceux qui réduisent leurs poids, la dépense énergétique est diminuée après un certains temps, alors le déficit retourne à zéro après quelques semaines.

 

Il faut aussi se rappeler que ceci n’est qu’une moyenne. Les différences physiologiques, génétiques et la flore intestinale ont une énorme influence lors d’une perte de poids provenant d’un même déficit calorifique. Finalement, personne ne peut calculer exactement comment couper 100 calories, encore moins garder cette exactitude sur des périodes prolongées. Cette ‘’illusion’’ nourrit le petit nerf interne et la pensée rationnelle, mais rappelez-vous qu’obtenir des chiffres exacts est pratiquement impossible.

 

Les informations sur les étiquettes ont l’air précises, 150 calories pour 6 onces semblent, effectivement, très précis, mais il s’agit en fait que d’une approximation de ce qu’une personne peut en tirer comme énergie. Nous pouvons utiliser cette énergie vers l’activité physique ou encore la transformer en gras, mais ça ne s’arrête pas là. Les aliments peuvent être aussi excrétés parce qu’ils n’ont pas été bien digérés et/ou absorbés. Les dépenses énergétiques diffèrent dépendamment de la corpulence de l’individu, le ratio entre les muscles et le gras peuvent variées de plus de 250 calories entre deux individus pratiquement identiques[i].

 

Personne ne compte les calories pour le plaisir, le but sera toujours de perdre du poids par l’entremise d’un déficit calorique et de principes appartenant à un certain type de diète. Il faut aussi penser à ceux qui influencent le message. Des aliments faibles en calories donne l’illusion de diète et de contrôle. Ce sont, à mon avis, des calories bien cachées et inutiles pour notre corps.

 

Même si l’industrie est grandement critiqué dû au fait que la malbouffe est directement liée à un taux d’obésité grandissant, nous devons tout de même être réaliste et comprendre que si l’industrie continue de produire en quantité industrielle ce genre de nourriture, c’est tout simplement parce que les gens en demandent et en achètent. Ils tentent d’adoucir le blâme en justifiant qu’avec une diète balancée, ce n’est ‘’pas grave’’ de manger des aliments “junk’’, vous n’avez qu’à ne pas trop dépasser vos calories. Ils essaient aussi d’accuser le manque de volonté et de discipline des personnes qui souffrent de problèmes de santé dû à l’obésité et tous les problèmes qui y sont liés. Par contre, ils omettent de mentionner l’effort constant de l’industrie et le financement[ii] d’annonces et de publicités ciblées qui mettent au défi ceux qui essaient de faire une différence ou qui tentent de faire attention à leur santé.

 

Pas surprenant d’entendre que ces compagnies engagent des ‘’trolls’’ et guerriers du clavier pour aller commenter sur les sites qui font la promotion de la santé. Ils aiment crier haut et fort que manger santé est ‘’plate et sans goût’’. Ils poussent aussi l’idée que prendre soin de notre santé prend ‘’trop de temps’’ et, malheureusement, avec la société pressée que nous avons, le message ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd.

 

En 1965, la majorité des repas étaient préparés à la maison, majoritairement par les femmes, contrairement à aujourd’hui ou le 2/3 des repas ne sont pas mangés à la maison et qu’un peu plus de la moitié prépare leurs repas.

 

Que faire?

Un programme d’intervention fût créé où l’aspect de la perte de poids a été mis hors contexte et remplacé par une nutrition ayant comme critère principal une santé impeccable, manger de façon responsable et en réponse à notre faim et satiété, des choix alimentaires sains et un programme d’activité facilement réalisable. Ils ont même comparé ces deux types de groupes et le groupe ’santé’ à réussi à perdre le même poids que le groupe au régime. Par contre, les personnes du groupe au régime ont repris le poids perdu après plus d’un an, contrairement au groupe de personnes en santé qui, eux, ont réussi à garder le poids qu’ils avaient perdu, en plus d’avoir acquis une meilleure confiance en eux et un meilleur contrôle de leur appétit et leurs mauvaises habitudes alimentaires. Alors suivre ce type de recommandation est, à mon avis, une bonne étape vers une bonne santé et une approche alimentaire logique et naturelle.

 

Plusieurs articles soutiennent les bénéfices de l’entraînement si ce n’est que par cette méta-analyse qui confirme que sur 100 000 personnes, les personnes en grande forme physique ont 42% moins de chance de mourir prématurément[iii]. Alors suivre un bon programme d’activité physique diminue vos chances de mourir plus rapidement de presque la moitié. Vous voulez encore plus spécifique? Chaque amélioration de votre temps ou votre vitesse d’un mille à l’heure est associée à une réduction de 22.6% de vos chances de mort prématurée[iv].

 

La clé reste, sans aucun doute, nos habitudes. Nous prenons certaines habitudes afin d’arriver à un but particulier, mais une fois que le but est atteint, les bonnes habitudes doivent rester. Plus nous pratiquons ces nouvelles habitudes, plus elles deviendront un automatisme et dicteront nos comportements. Pour qu’un comportement devienne une habitude, il doit être répété dans le même contexte et pour les mêmes raisons de façon régulière et une récompense doit y être attachée. La recherche nous dit qu’automatiser une habitude peut prendre entre 18 et 254 jours, la moyenne étant de 66 jours. Ceux qui répétaient l’habitude de façon journalière ont pu réussir plus rapidement.

 

Alors pour sortir des dogmes de diètes contrôlantes, mangez consciencieusement.

 

Une fois que vous reconnaissez certains éléments déclencheurs, vous n’avez qu’à mettre un obstacle pour rendre cette mauvaise habitude plus difficile à pratiquer. Comme ceux qui décident d’arrêter de fumer, mais gardent quelques cigarettes dans la maison… Je ne considère pas cet effort très sérieux.

 

Dans ce cas-ci, et comme avec chaque personne qui pratique une alimentation restreinte, reconnaître les éléments qui portent à tricher et à manger plus qu’il ne le faut aidera grandement le processus et rendra la tâche moins difficile. Compter les calories n’est pas un problème en tant que tel, reste à savoir pourquoi certains le font et pourquoi cherchent-ils à obtenir un tel contrôle? Si nous pratiquions cette simple habitude, c’est-à dire manger les bons aliments lorsque nous avons faim et arrêter à satiété, le surpoids serait pratiquement inexistant. Une diète ne devrait jamais être restrictive. Le mot diète ne devrait pas exister, point : c’est ce que les médias, le stress, la société et le but relié au désir de perfection nous ont révélé.

Éric Falstrault

Auteur du livre Le code

Fondateur et propriétaire de BODHI FIT

 

Sources :

[i] Alexandra M. Johnstone, Sandra D. Murison, Jackie S. Duncan, Kellie A. Rance, and John R. Speakman, “Factors Influencing Variation in Basal Metabolic Rate Include Fat-Free Mass, Fat Mass, Age, and Circulating Thyroxine but Not Sex, Circulating Leptin, or Triiodothyronine,” American Journal of Clinical Nutrition 82( 5) (2005): 941– 48.

[ii] Lenard Lesser, Cara B. Ebbeling, Merrill Goozner, David Wypij, and David S. Ludwig, “Relationship Between Funding Source and Conclusion Among Nutrition-Related Scientific Articles,” PLoS Medicine 4 (2007): e5.

[iii] U.S. Department of Health and Human Services, “2008 Physical Activity Guidelines for Americans.”

[iv] Satoru Kodama, Kazumi Saito, Shiro Tanaka, Miho Maki, Yoko Yachi, Mihoko Asumi, Ayumi Sugawara, et al., “Cardiorespiratory Fitness as a Quantitative Predictor of All-Cause Mortality and Cardiovascular Events in Healthy Men and Women: A Meta-analysis,” Journal of the American Medical Association 301(19) (2009): 2024–35.